when the levee breaks. free.

Salut, frère.
Ne pas avoir de nouvelle de Shani commence sérieusement à me manquer. Et je crois que tu as raison. Plus le temps passe, plus je commence à te croire. Je ne voulais pas mettre ta parole en doute, mais... Et Papa ne cesse de m'éviter dès que je pose cette question. Je crois qu'il commence à se douter de quelques choses... A mon avis, il se doute de moi... De ce que je dois penser... Mais je ne sais même pas quoi penser ! Khvan. Réponds moi cette fois. Sinon, je vais finir par débarquer à Poudlard.

Je t'aime, petit frère. Ne l'oublie pas.

Khvan tenait le parchemin, les yeux vides. Comme... Sur une autre planète. Il ne disait rien. De toute façon, il n'y avait pas grand chose à dire. Il savait ce qu'il en retournait, et il ne souhaitait pas du tout que son frère découvre ce qu'il a entendu, et vu. Khvan voulait l'en protéger. Mais si il ne lui disait rien, c'était sa relation avec son frère aîné qui allait en périr et son père s'en sortirait que plus fort de ce désaccord, bien qu'il ne montrerait rien devant sa personne. Khvan roula le papier en boule avant de le fourrer dans la poche de sa longue robe de sorcier noir. Il se recula, puis s'adossa contre le mur qui se trouvait près de la fenêtre. La tête contre la pierre, il leva le regard vers le haut de la volière où biens des hiboux étaient perchés dormant tous, principalement, pour retrouver leur force ou pour se préparer à un long voyage. Une odeur de foin régnait dans la pièce mais rien ne le dérangeait vraiment. En faites, il était tellement obnubilé par ses pensées qu'il avait du mal à se concentrer ou se laisser aller. Le fait de dire ce qu'il avait vu et entendu à son frère le terrifiait, car le connaissant comme il le connaissait, il savait qu'Ilesh allait sûrement péter les plombs et tuer leur père sans vraiment réfléchir à la meilleure façon possible. Et il ne voulait pas perdre son frère, ni quoique ce soit d'autres. Il y tenait trop.

De plus, il ne savait pas réellement où pouvait bien être sa sœur. Et il n'osait toujours pas posé la question à son père. Persuader que ce dernier lui dirait sûrement les mêmes salades que la dernière fois qu'il a convié avec Ilesh dans le bureau. Khvan ferma doucement les yeux, avant de les réouvrir une fois qu'il eut baissé la tête. Il fallait qu'il lui dise, mais il n'en avait pas la force. Cependant, il savait qu'en ne lui disant rien, d'un autre côté, il protégeait son père. Et ça, surtout cela, ça lui rongeait les intérieurs à chaque fois qu'il avait cinq minutes pour y penser. Mais le pire dans tout ça... C'était pour Shani. Marié de force, au fin fond du bled, en Inde. Khvan se laissa glisser le long du mur, se mettant le visage entre ses mains. Il soupira, las. Cette situation commençait sérieusement à lui prendre le chou et un jour, il allait éclater. Cependant, il fallait qu'il le dise à son frère. Mais comment lui dire ? Les lettres ne sont pas les meilleurs moyens pour dire de tels secrets. Et à imaginer qu'il pourrait être intercepté... Khvan pourrait être considéré comme complice du meurtre. Khvan retira doucement ses mains de son visage afin de renifler pour cracher un peu plus loin dans des fientes de hibou. Mais il y avait aussi cette envie en lui qui prenait de jour en jour une certaine ampleur... En effet, cette envie de le tuer grandissait sans cesse. Et c'était peut être pour cela qu'il ne disait rien, encore, à Ilesh de peur que ce dernier n'aille le tuer sans lui. Khvan soupira doucement.

Finalement, il se releva doucement, l'air pensif. Il n'avait pas quarante milles solutions qui s'offraient à lui, de toute façon. Et il lui faudrait bientôt prendre position dans ses diverses possibilités que l'avenir lui présentait comme si sa vie en dépendait. Il se retourna vers l'une des fenêtres, puis, enjambant doucement le rebord, il s'assit sur ce dernier, une jambe se balançant dans le vide, tandis que l'autre était replié sur la pierre, le genou près de son visage, le bras tendu, et appuyé dessus. Il avait ressortit la lettre de son frère, et il jouait avec le parchemin de cette dernière. Délicatement, il déchirait quelques morceaux, comme perdu dans ses pensées... Il se laissait tout bonnement plongé dans ses propres pensées... Ne faisant plus attention à rien. Même le coucher de soleil lui importait peu. Son regard était perdu dans l'horizon, et il n'entendit même pas lorsqu'elle quelqu'un entra...

Perdu dans le monde des songes, des pensées tumultueuses et de la puissance que conférait la culpabilité à certaines de ses pensées, Khvan ne cessait de soupirer. Chaque souffle semblait être comme un moyen pour éviter la cocotte minute qu'il semblait être, d'exploser. Il soufflait plusieurs fois, tentant de sortir de son état de nervosité pour reprendre son air habituel, avec son sourire, son attitude de bon samaritain, et son petit air séduisant. Quoiqu'il en soit, cela se révélait être un travail pour le moins difficile, et dont il n'avait, presque pas l'habitude. D'habitude, c'était lui qui avait les cartes en mains et qui jouaient en prenant le temps qui lui fallait marquant ainsi, chacun de ses coups par un succès sublime. Mais là... La donne semblait être changé. Et même si c'était son frère, devoir avouer quelques choses pour éviter qu'une partie de son plan ne tombe à l'eau, c'était comme partager son rêve avec quelqu'un d'inconnu. Ca le faisait plus que chier, et il n'aimait pas ce sentiment là. Non pas qu'il était égoïste, mais... Il l'avait juré sur la tombe de son grand père. Ah si seulement ce dernier était encore là... Leur père n'aurait jamais eut cette audace si... Machiavélique. Et il aurait même laissé Shani vivre comme une occidentale, vu qu'ils avaient déménagé dans ce monde là pour sortir de la misère. Visiblement, comme le pensait si souvent Khvan, leur père semblait être pour le moins extrémiste. Chose que n'était pas du tout leur grand père. C'était également pour cela qu'Ilesh n'était pas bien vu par son père. Ilesh était l'occident pur.

Puis, il sursauta, surpris par ce raclement de gorge qui avait quelque chose de purement féminin. Il retourna la tête vers la personne qui était entrée dans la volière alors qu'il ne s'y attendait pas, puis, il la reconnut. Lola Almadovar. Somptueuse demoiselle, fils d'un des plus puissants Aurors mondialement connu, et aujourd'hui, Ambassadeur. Superbe relation en perspective, pensa Khvan, avant de baisser le regard vers le sol. Non, ce n'était vraiment pas le jour, aujourd'hui. Il n'avait pas envie de se forcer dans quoique ce soit. Il retourna sa tête vers le dehors, le soleil éclatant, rayonnant sur sa peau basanée, lui donnant, tout comme à Lola, quelque chose de surnaturel, de beau. Il soupira, une seconde fois, jusqu'à ce que, finalement, il entendit :

- Euuh… je te dérange pas ?

Il tourna doucement la tête vers cette dernière, puis, avec un sourire tendre, légèrement douloureux, il répondit :

- Non, pourquoi ?

Il posa son regard sur le vivet dorée de la demoiselle. Les yeux de Khvan eurent un air envieur. Le vivet doré était la plus belle créature du monde, selon lui. Bien sûr, il y en avait des magnifiques. Mais... Pour Khvan, cela ne comptait pas. Le vivet doré, c'était la créature qui remplaçait le vif d'or avant que ce dernier ne soit crée. Et puis, c'était super rapide, et leur petite forme leur donnait un petit côté mignon qu'on ne trouvait en aucune créature... Khvan eut un léger sourire en contemplant la créature. Lorsque le vivet s'envola, Khvan le suivit des yeux.

- Khvan c'est ça ?
- Oui... Il retourna de nouveau, la tête, vers cette dernière, et il lui ajouta : Lola...

Il rentra ses jambes à l'intérieur de la pièce, se retournant intégralement vers la mexicaine. Khvan restait, cependant, assis sur la pierre, mais il avait les mains liés sur ses jambes.

- Je vois que tu n'as aucune marque de ce que t'as fait la nouvelle de Serpentard...

- Pour rien. Tu avais l'air pensif. Mauvaise nouvelle ?

Instinctivement, sa tête tourna en sa direction, son regard devenant mauvais. Méchant. Khvan ne cilla pas, la gardant dans son visu, comme si il attendait des excuses de sa part. Khvan ne donnait jamais des informations sur sa famille. Il n'en parlait jamais. Il avait pris ce principe pour les protéger. Les protéger de quoi ? Nul ne le savait. Mais pour Khvan, ça le réconfortait dans cette idée là. De ce fait, il n'en parlait jamais. Et il était rare d'ailleurs, de l'entendre, faire même une simple allusion. Jamais il n'en parlait. Trop de secrets, trop de tensions... Il y avait trop de tout dan sa famille, et le fait qu'il n'y soit pas, lui permettait de respirer. Alors lui en parler, c'était comme l'approcher avec des chaînes ou une cage. Chose que Khvan avait en phobie. Vous comprendrez donc, pourquoi son regard était devenu celui d'un démon de Satan.

- Excuse, ça me regarde pas.

Et elle enchanta de sa douce voix pleine de sincérité, le pauvre Khvan. Ce dernier baissa son regard, son expression changeant du tout au tout. Il ne dit rien, l'espace de quelques instants, préférant laisser passer la tension qui avait alourdit l'atmosphère l'espace d'un instant. Khvan redressa son visage, un sourire poli et sincère sur ses lèvres. Quelque chose de vrai se montrait en Khvan. Doucement, ses lèvres s'ouvrirent délicatement.

- Ce n'est pas grave. C'est moi qui suis désolé, Lola. Il laissa passer un ange entre eux, avant de dire : En effet. On peut appeler ça des mauvaises nouvelles. Tout ce qui vient de la famille est mauvais, de toute façon.

Il retourna son regard sur la pièce, puis vers l'astre solaire qui descendait peu à peu à l'horizon. Déjà, dans le ciel, on voyait la lune, un quart de lune, se levait pour prendre la place qui lui revenait passer une certaine heure. Khvan regarda longuement cette dernière. Elle l'avait toujours plus ou moins fasciné. Il n'était jamais parvenu à comprendre pourquoi cette dernière resplendissait d'une douce lueur apaisante, alors que c'était une étoile morte. Replongeant dans ses songes les plus intenses, il finit par en ressortir pour dire, sentant toujours la présence de Lola, derrière lui.

- Je vois que tu n'as aucune marque de ce que t'as fait la nouvelle de Serpentard...

Khvan se retourna, la regardant en face. Il avait de nouveau passer ses jambes du côté de la pièce. Cependant, il était toujours assis sur la pierre. Il observait Lola avec un petit sourire tranquille. Comme si la présence d'une tierce personne dans cette pièce lui permettait de penser à autre chose... Et en souriant, c'était comme une sorte de remerciement de son subconscient à l'égard de la mexicaine.

- Oh c'était trois fois rien, elle m'a simplement fait tomber, je pense pas exprès mais en tout cas ce n'est pas les bonnes manières qui lui feront mal à celle là. A moins que ce ne soit du un excès de bonnes manières. Elle m'a paru sacrément prétentieuse pour ne rien te cacher... mais ça va. Je ne suis pas en sucre.
- Tous les Serpentard sont prétentieux à leur manière... fit il d'un ton évasif, malgré son sourire.

Lola sourit à son tour. Visiblement, elle savait pardonner facilement car elle ne semblait pas en tenir rigueur à la pauvre nouvelle de Serpentard. Khvan l'observa quelques instants, curieux d'en apprendre un peu plus sur cette personne. A l'évidence, ce qu'il n'avait jamais fait avec elle, il allait pouvoir le faire. Il allait pouvoir discuter avec elle. Elle semblait bonne, et pas du tout comme les autres élèves qu'il avait l'habitude de côtoyer.

- Enfin, c'est mon avis.
- On ne la connait pas. Attendons de voir si elle est réellement ainsi...
- C'est gentil d'avoir remarqué. Est-ce que c'est une amie à toi ?
- De rien... Puis, il reprit : Non... Non, pas encore. Je ne la connais que très peu.

De nouveau, il sourit, avant de lui dire :

- Tu as beaucoup changé en deux ans... Tu es plus... Plus jolie.

En effet, le changement de sa personne était notable. Khvan eut un petit sourire amusé. Cependant, la lueur de sincérité qui brillait dans ses yeux n'étaient que plus véridique. Aucun mensonge. Il laissait de côté le Khvan joueur pour en apprendre plus sur Lola. Lola semblait être une de ses personnes que l'on ne fait plus. Gentil, sympa, franche, et surtout, libre.

- Merci.

Un simple merci était sortit de ses lèvres. Face aux compliments de Khvan, elle avait réagit naturellement, sous ce soleil crépusculaire, faisant ressortir avec une beauté plus ou moins surnaturelle l'or que cachait sa peau basanée, et latine. Khvan eut un léger sourire, ne disant rien, préférant garder son silence pour laisser entre cette petite brise du soir. Elle était plus froide que celle qui balayait le parc, mais elle n'était pas encore glacée. Un léger frisson lui parcourut l'échine, avant qu'il ne re-boutonne sa chemise dont le haut était ouvert de 4 ou 5 boutons laissant percevoir son collier d'or et ses divers pendentifs, notamment la main de Fatma, et l'oeil qui conjurait les mauvais oeils. Sa chemise reboutonnée, sa cravate renouée, Khvan glissa sur ses pieds. Lola semblait beaucoup avoir mûri contrairement à bons nombres de ses camarades féminins que l'on voyait tous les ans un peu plus débile au fur et à mesure que les années passaient. Elle avait prit ce compliment avec fierté, et avec cette petite touche de prétention qu'ont les femmes. Quelque chose d'assez mignon, qui n'échappa pas à l'oeil affuté de l'hindou.

- C'est drôle que ce soit la première fois qu'on se parle vraiment... je veux dire en cinq ans. Je trouve ça un peu stupide ces histoires de maisons parfois.
- Je n'y ai jamais réellement pris part... J'ai ma meilleure amie à Gryffondor, et mon pote de maternelle à Serdaigle. Des fois... Je me demande ce que j'ai pu branler pour atterrir chez les verts et argents...

Expliqua t il, en éclatant d'un petit rire à l'honneur de son prénom qui signifiait Sons mélodieux. Il s'en fichait comme de sa première couche des rivalités entre maison. Certes, il y prenait part parce qu'il fallait tout de même garder un certain esprit de compétition pour encourager les autres élèves de sa maison à gagner des points plus qu'à en perdre, mais sinon, il s'en fichait pas mal. Comme lui disait son père, bien qu'il ne le supportait pas, il fallait se faire des relations à tous les niveaux. Car cela pouvait toujours servir. Peut être une façon d'être assez profiteur, mais dans le fond, il n'avait pas tellement tord.

- Bon c'est vrai pour une première fois je ne m'illustre pas vraiment pour mon adresse ou ma chance...
- Je crois que j'avais remarqué... Fit il avec l'un de ses sourires dont il avait le secret.

Il éclata de rire une nouvelle fois, avant de porter son regard sur la lettre de son frère. Finalement, il la plia correctement pour la remettre dans sa poche avant de dire :

- Ça... Ça... Ça te manque pas trop... De... Enfin, ton pays ?

Un ton hésitant ? Pas tellement. C'était surtout pour la forme. Il posait une question qui pouvait se révéler être indiscrète. Alors autant bien formuler sa question et la bourrer de paralangage de façon à mieux préparer le terrain histoire d'être sûr d'obtenir une réponse... Du moins... Presque sûr d'obtenir une réponse à sa question. Surtout que son visage avait l'une de ses expressions rassurantes et tranquilles.

- Ben...

Visiblement, elle en était consciente de la douleur que c'était d'être si loin de ses racines profondes. On a beau être bien intégré dans la culture du pays anglo-saxon, même d'y avoir vécut depuis plus tendre enfance, il en va de soit que le pays des ancêtres à la famille fait bel et bien rêver. Pour Khvan, c'était plus ce cas là, étant donné qu'il était né à Londres et non, comme Ilesh, à New Dehli. Néanmoins, il ne pouvait que comprendre la douleur de Lola. D'une part, parce qu'il la ressentait au plus profonde de sa chair, de deux, parce qu'elle semblait réellement touchée par ce manque là. Ce qui était bel et bien normal, il fallait se l'avouer. Quoiqu'il en soit, Khvan ne la coupa pas dans sa réflexion, la laissant finir ce qu'elle allait dire, après ce vague moment d'hésitation, comme si elle essayait de trouver les bons mots pour bien expliquer ce qu'elle en pensait. Et surtout, ce qu'elle en ressentait. Khvan avait un léger sourire compatissant.

- Il me manque. Mais c'est moi qui ai choisi de venir alors je ne devrais pas me plaindre. C'est vrai on étudie dans des conditions pratiquement idéales. Mais le Mexique c'est...
- ... Sûrement éblouissant... Murmura Khvan, en pensant à ces terres lointaines qu'il n'avait jamais vu, mais qui, tout à coup, semblait si proche de lui.

Il eut un léger frisson en remarquant qu'il comprenait Lola à ce point. Son frisson parcourut son échine jusqu'à se perdre dans ses cheveux avant de voir apparaître un sourire un poil plus appuyé, rêveur. Comme si il était dans ses nuages à l'éveil des contrés lointaines dont provenait Lola. Sa peau le montrait bien. Mais son karma, son aura, également... Son corps était tout aussi chaud que les déserts mexicains.

- Je crois pas que je pourrais vivre sans penser à mon pays. C'est de famille, on est fier. Le Mexique c'est comme notre sang. Et puis ce n'est pas bien difficile de tomber amoureux d'un pays comme celui là.
- Je te crois, volontiers... J'ai toujours pensé, que les pays les plus beaux étaient ceux du Sud... Va savoir pourquoi... Peut être cette sensation de chaleur... Je ne sais pas.

Elle était transportée par des souvenirs. Cela se voyait dans ses yeux. Elle respirait le Mexique. C'en était enivrant. Khvan esquissa un léger sourire, lorsqu'elle reprit, comme sorti de ses rêveries.

- Et toi ? Ça fait longtemps que tu vis ici ?
- J'ai toujours vécut ici. Et chaque été, j'y passais deux mois, là bas, dans la famille de mon père. Mais cet été, je n'y suis pas allé. Et je commence à savoir pourquoi...

Fit il, presque plus pour lui même que pour elle. Son visage s'assombrit quelque peu. Il ne disait rien, mais retourna son visage vers l'extérieur, son regard porté vers l'horizon. Le soleil crépusculaire lui tapait dessus, et on aurait presque l'un de ses héros perses morts il y a des milliers d'années. Khvan tourna son visage en la direction de Lola, mais il ne la voyait que du coin de l'oeil. Elle était derrière lui et lui faisait face à la fenêtre.

- Je ne peux expliquer comment est l'Inde... Il faut le voir pour le savoir.

Il eut un léger sourire, avant de laisser un ange passer. Le soleil n'était presque plus là lorsqu'il se remit à parler. Au dessus, les hiboux se réveillaient doucement, et certains sortirent par les fenêtres ouvertes. Une lumière tamisée commença à apparaître dans la volière. Elle était légère, mais permettait aux élèves de se retrouver ici. Khvan se retourna vers Lola et il lui dit :

- Si jamais ton père avait fait un acte irréparable... Serais tu prête à le tuer ?

Il avait été directe. Lola lui paraissait sincère et secrète sur ses conversations avec les gens. Pour Khvan, c'était une personne de confiance. Elle en avait la figure.

- C'est une chose que je suis pas même capable d'imaginer Khvan...
- Ah bon... ?

Mumura t il, de façon à ce que cela soit à peine audible pour Lola. Un voile passa sur le visage de Khvan qui s'assombrissait un peu plus au fur et à mesure que la forêt interdite cachée les derniers rayons du soleil couchant. Khvan semblait tout simplement à l'ouest. Il n'avait jamais réfléchi au faites que, dans d'autres familles, il y avait peut être de vrais pères. Et cette réalité, bien qu'évident, l'avait complètement désemparé. Il ne dit rien, baissant le regard, préférant ne pas relever son regard. Il se sentait honteux, il fallait le dire. Il savait qu'il n'avait pas à se sentir ainsi, mais... Le fait de ne pas y avoir penser, lui donnait une impression qu'il... C'était du nombrilisme plusqu'autre chose. Chose qu'il ne supportait pas.

- Mais... mon père m'a appris à rendre les coups que l'on me porte et si l'acte était irréparable, vraiment irréparable, bien que je soit incapable me faire à l'idée de tuer de sang froid, je saurais me faire justice, quitte à être particulièrement mauvaise.

Il releva doucement la tête. Un léger sourire naissant sur ses lèvres fines. Son père devait être quelqu'un de bien. L'honneur qu'il semblait avoir inculqué en la jeune demoiselle qui se présentait devant lui était à quelque chose près, celui que Khvan arborait depuis toujours sous son visage toujours, plus ou moins, jovial.

- Un acte irréparable ?...
- Plus que tu ne peux l'imaginer, Lola.

De nouveau son regard s'assombrit, puis, se tournant de nouveau vers la fenêtre, regardant la lune qui commençait son ascension à l'est, il ajouta tout bas.

- Surtout lorsque l'on sait que c'est de sa femme, et notre mère, dont il a retiré la vie.

... Silence radio.

Lorsqu'il avait dit ça, il savait ce qu'il venait de faire. Il venait de dévoiler son secret. Ce secret qui le rongeait de l'intérieur. A lui, comme à son frère d'ailleurs. Toujours très difficile, il fallait se l'avouer. Quoiqu'il en soit, Khvan se sentait mieux. Bien mieux. Il venait enfin d'avouer la chose qui lui peser tant sur le coeur et la conscience. Mais quelque chose lui disait que si jamais il lui ôtait la vie aussi bien que lui, il ne l'avait ôté à sa mère, peut être qu'il exorciserait complètement cela de lui, et sûrement qu'il n'y penserait plus avec cette même intensité. A chaque fois... C'était la même chose. Son rythme cardiaque doublait, son souffle également. Des rougeurs sur le torse, et dans le cou, mais aussi, la peau moite au niveau des mains. Sans oublier que son aura devenait agressive et particulièrement violente. Khvan n'avait souvent que cette idée en tête : Tuer son père. Et généralement, on ne se sentait que très mal en sa compagnie. Comme si ce dernier était devenu un démon de la horde de Satan.

- Khvan...

Khvan ne répondit rien. Mais il était touché par la compassion de la Poufsouffle qui semblait bien plus que le comprendre. Il se retourna vers cette dernière, un léger sourire sur ses lèvres. Un de ses sourires brisés que l'on a lorsque l'on est transporté par la tristesse. Khvan hocha doucement de la tête, comme si il ne voulait pas parler, gardant ainsi sa peine pour lui même. Il avait besoin de la garder pour la cracher au visage de son père. C'était cette capacité, aussi, qui lui montrait bien qu'il était différent de cet enfoiré qui avait retiré la vie de sa propre femme, par simple fait qu'elle est osée relever un pan de l'éducation que ce dernier attribuait à leurs enfants, si tel est pouvait on l'appeler. Marier sa fille alors qu'elle a à peine dix sept ans à un homme de 40 ans, c'était quelque chose d'énorme. Khvan se détendit doucement, avant de s'avancer vers Lola. Il la regarda quelques instants, posant ses mains sur ses épaules, avant de lui embrasser le front timidement. Puis, il se retourna et s'en alla sans dire un mot. Pour lui, ce geste concluait la conversation, et la scellait... Par la même occasion.