Le retour du chardon écossais

Les îles Lewis. Un mélange étonnant dans le cadre anglais. Les montagnes contrastaient à la fois avec le ciel et la mer. Les landes s’estompent avec les lochs. Les falaises se montrent à la fois accueillantes et meurtrières. Ici, on pouvait oublier les gratte-ciels, les bus à double-étage, le train où ne serait-ce qu’une once de nouvelle civilisation. Bienvenue sur les îles écossaises les plus reculées que vous pourriez trouver. Les McGregor font partis des vieilles familles de la terre des Highlands. Une longue génération masculine de distilleurs d'alcool. Les femmes étaient toutes mères au foyer qui élevaient leurs enfants et s'occupaient de la maison en attendant que leurs maris ne rentrent. Mais les temps modernes arrivent à grands pas et sonnent le glas du changement.

Le 15 Mai, journée des fleurs, des petits papillons, des ballades romantiques et des chaleurs naissantes sur le continent, un petit poupon naquit. Un nouveau petit rayon de soleil chez les McGregor. La première fille depuis trois générations. De quoi fêter cette naissance. De quoi rendre cette famille attachante et conviviale. Cependant, l'exploit ne se réitéra pas. En effet, Karly est la seule fille parmi une famille de quatre enfants dont trois garçons. Cependant, il s'agissait d'une famille heureuse. Rien ne semblait ternir ce doux tableau. Vers l'âge de quatre ans, les pouvoirs magiques de la jeune fille commencèrent à se manifester mais rien de bien grave... Juste une cuillère remplie de sauce tomate qui traverse la pièce pour se déverser sur la tête d'un des garçons. Des taquineries bien courantes qui commencèrent bien tôt.
Dès ses plus jeunes années, Karly était un bambin éveillé qui ne disait mot mais gambadait à quatre pattes aux quatre coins de la maison. Ainsi, il n’était pas rare de voir Steven et Matthew – les deux ainés de deux et quatre ans plus vieux – courir dans les pièces de la maison en regardant le sol comme s’ils avaient perdu un bouton de chemise. Non, en réalité, ils recherchaient un petit être. Mais si vous vous penchez un peu plus sur cette histoire, vous vous apercevez qu’il ne suffit que de rechercher le St Bernard de la famille pour trouver la petite. Un simple jeu de piste à prendre en main. C’est ainsi que la maisonnée des McGregor était généralement remplie de rires et… de courses poursuites. Et oui, même lorsque vient l’âge où Karly apprit à marcher. Ainsi, nous avions un enfant d’environ trois ans qui aimait beaucoup jouer à cache-cache et un petit nouveau compléta bientôt les rangs. Un petit Zac vient se rajouter à la petite famille. A l'âge de onze ans, Karly reçut la fameuse lettre de Poudlard. En route pour de nouvelles aventures...

Et les nouvelles aventures démarrent dès la première sortie de Karly à Londres. Dites-vous qu'elle a réussi à se perdre en étant entourée par ses frères et ses parents en pleine rue moldue. Que voulez-vous... lorsqu'on vient de la campagne. Déjà que pour sa première sortie au Chemin de Traverse s'était quelque chose. Onze heure moins vingt. Les enfants McGregor avaient tout juste le temps de se rendre sur le quai de gare afin de prendre le train qui les conduirait à Poudlard. Si Matthew n’avait pas pris Karly sur ses épaules comme un sac à patate, elle aurait sans nul doute manqué le train à force de l’admirer en rêvassant. Décidément, on ne peut pas la laisser seule cinq secondes… Cependant, une fois dans le train, les garçons délaissèrent rapidement la petite Karly afin de se consacrer à ce qu’ils faisaient de mieux : pour Matthew, rejoindre ses amis et draguer quelques filles au passage, et pour Steven, rejoindre ses détestables amis qui se prennent pour plus intelligent que vous et se perdre dans un calle-poussière, soit un livre. Perdue au beau milieu du couloir du train, Karly regarda à la fois devant et derrière elle afin de se décider sur le meilleur chemin à prendre. Imaginez-vous une petite fille pas plus haute qu’une cagette de pommes qui mort sa lèvre en regardant à la fois devant et derrière elle sans savoir si elle devait faire un pas en avant ou en arrière. Elle y serait restée un petit moment si personne n’était venu s’interposer. Une voix désagréable. Se décalant quelque peu, Karly ne pût s'empêcher de mettre son pied un peu trop à l'extèrieur. Résultat des courses : la personne se ramassa sur celle d'en face. Le pire dans l'histoire: c'est qu'il s'agissait d'un accident.



L’heure était déjà bien avancée en cette journée d’été. Au-dehors, le soleil brillait dans le ciel en illuminant les plaines désertiques d’Ecosse. Les seuls sons auditifs provenaient des vagues qui éclataient contre la paroi rocheuse. Le vent sifflait entre les croasses et montaient jusqu’aux fenêtres ouvertes qui profitaient de la bise marine. Le chant marin s’élevait dans les landes afin de parvenir jusqu’à l’une de ses petites protégées. Le ciel d’azur se reflétait dans les innombrables petits lacs qui bordaient le pays. La nature sauvage. Le goût de l’héroïsme. Les vieilles pierres assemblaient une à une depuis plusieurs générations démontraient le caractère vaillant et résistant des Ecossais. Les Highlands. Ses fiers gaillards que rien n’arrêtaient, mise à part la sorcellerie. Les moldus écossais étaient particulièrement superstitieux. Et pourtant… savaient-ils que depuis quatre générations, le whisky qu’ils se procuraient était distillé par des sorciers. Cette eau-de-vie d’orge était la plus connue et la meilleure du pays. Et ce n’était pas prêt de s’arrêter là. Ethan McGregor possédait bien plus d’ambition que dix hommes réunis. Surtout en vision de faire fluctuer son domaine.

Accoudée à la fenêtre, une fillette de douze ans regardait le soleil qui faiblissait au loin disparaissant derrière les flots. Une petite tâche diminuait face à l’éclat d’or de l’astre. Arion, le hibou grand-duc de la famille, s’envolait vers des terres inconnues de la jeune fille. Le Manchester. Là où résidait Susi Diamento, une amie de Gryffondor. Elle n’y avait jamais mise les pieds. Durant toute son enfance, elle rêvait de voyages et de contrées inconnues et inexplorées. Elle qui restait sur les îles Lewiss. Ses rêves l’emportaient toujours plus loin que les océans. Les vacances d’été avaient débuté depuis moins d’un mois mais le château lui manquait. La vie qui s’y trouvait et ses nouveaux amis y étaient pour beaucoup. Ignorant royalement ses devoirs de vacances qu’elle avait enfermé dans sa malle sous son lit – jusqu’au dernier jour des vacances – la petite McGregor se laissa glisser jusqu’à la bibliothèque. Première pièce sur son passage qui était occupée. Malheureusement, il ne s’agissait pas de la personne la plus appréciable de « Thistle uisgue », la demeure des McGregor. Le Whisky d’un chardon.
Comme à son habitude, le lunatique cadet de la famille était installé dans le seul fauteuil qui donnait sur la cheminée. Steven était obscur comme garçon, alors qu’il n’avait que treize ans. Moralement et physiquement, il en paraissait plus. A croire qu’on le prenait pour le faux jumeau de Matthew, qui avait deux ans de plus que lui. Trois McGregor à Poudlard. Deux Gryffondors et un Serdaigle qui rêvait d’être Serpentard. De quoi faire entrer de la dynamite dans le château. Entrant sur la pointe des pieds, la fillette entreprit de faire peur à son frère. Ce dernier ne réagit pas. Steven et Karly n’avaient jamais été en bons termes. Et pourtant, le même sang ne coulait-il pas dans leurs veines ? Si, mais pas les mêmes idéaux. Ancienne et nouvelle tradition ne peuvent se mêler.

Le pire passage pour un être humain se trouve lors de l’adolescence. Un état se termine pour laisser place à un autre. Mais l’être humain a dû mal à se placer dans ce nouvel environnement qui l’entoure et l’assaille. Alors il nage dans sa propre personnalité et se retranche en lui. Les évènements qui l’entourent vont aider à forger sa caractère et son habit. Sera-t-il un Aventurier ? Un Démocrate ? Un Auror ? Tant de possibilités et de chemins diverses dans le monde de l’avenir. Lequel sera le vôtre ? Poudlard. Une école de magie comme tant d’autres. Un haut lieu de magie et d’histoire. Chaque pays possède son point d’ancrage. Pour l’Angleterre, c’est Poudlard. On ne pourrait imaginer le monde magique anglais sans ce vieux château restauré magiquement. A croire qu’il ne se délabre jamais. Qu’il garde son authenticité. Beaucoup de sorciers ont foulé ses dalles. Beaucoup ont dormi dans ses draps. Nous ne sommes que des pions sur l’échiquier de la vie. Une nouvelle partie est en cours : la nôtre. Tâchons alors de rester en vie jusqu’à la fin de la partie. L’adolescence de Karly n’a rien d’extraordinaire. Gryffondor de renommée, il semblerait qu’elle ait une dent contre les Serpentards. Peut-être parce qu’elle a eu un accro avec l’un d’entre eux durant sa première année. Peut-être aussi parce que son cher frère ne traine qu’avec eux et ne prie que pour eux.

La cinquième année. Les BUSES venaient de se terminer. On pouvait apercevoir un soulagement non feint sur le visage de la plupart des élèves de cette année. Une semaine et demie durant lesquels les nerfs et les insomnies avaient prédominé. Un passage à l’état supérieur d’après leurs professeurs. Le poids de la semaine sur les épaules, la jeune adolescente remonta péniblement les marches du dortoir en écoutant les joyeux piaillements incessants de Susi auxquels Sasha répondait par quelques rires et sourires. Les capacités de l’une ou l’autre faisaient chavirer la brune : Susi était constamment enjouée et en forme, Sasha avenante et polie. Tandis que ses deux amies papotaient gaiement, Karly s’effondra sur son lit sans prendre la peine de se changer ni même d’enlever sa cravate. La conséquence de réviser à la dernière minute durant la nuit. Karly n’était pas une bosseuse. Pas pour les études.

Un rêve qui se trouble. Une réalité qui vous échappe. Le tremblement de terre de l’an 50 venait-il d’être déclaré ? Petit à petit, vous quittez les doux songes qui vous habitaient pour revenir dans la vie à l’état pure. Vous bougez sans même vous en rendre compte. Votre cerveau est trop imbibé de nuages pour comprendre rapidement. Devant vous, une forme rebondit prête à vous tomber dessus à la moindre occasion. La forme se transforme en masse corporelle et vous reconnaissez une comparse de Gryffondor. Eilenn semble être prise de démence à sauter sur votre lit que vous occupez en ce moment même. Un air amusé est collé contre ses lèvres.

En effet, la jeune fille retombait une fois sur quatre sur les pieds de sa camarade. Karly avait beau tenter de l’éviter, rien n’y faisait. Tirée hors du lit par une pile mouvante, l’objectif d’une énième fête secrète était bien trop alléchant pour grogner de mécontentement. En bonne antithèse de l’élève modèle, l’écossaise ne ratait aucune occasion pour le prouver auprès de ses ‘supérieurs’. Provocation. Entêtement. Déni. Tout ceci n’avait pas forcément que du mauvais. Il permettait au caractère de s’émanciper et de devenir une force. Une adolescence où on n’accepte ni la réalité ni la banalité. Rien de plus mortel que l’ennui. Heureusement, l’être humain possède des armes pour le combattre. L’une d’entre elles se trouve au sous-sol, dans le cachot n°12. Sasha était assez intelligente pour leur permettre d’insonoriser parfaitement la salle et recréer une atmosphère lugubre de plénitude qui régnait depuis des siècles dans les couloirs. Les jumeaux avaient fait en sorte que le concierge sirote tranquillement sa tisane contre les rhumatismes où un somnifère y avait été distraitement glisser. Quant à l'Eminence Verte... Personne ne pu savoir comment ils réussirent à les tenir éloignés. Mystère et boule de magie. Une opération commando où le seul risque serait de l’ordre d’un renvoi ou d’une colle à vie. Tous les organisateurs étaient au courant. Tous répondaient présents chaque mois. Les élèves aussi. Il y avait toujours de mauvaises surprise mais, rien qui ne pouvait être géré. Après quelques rondes de couloir, Karly et Eileen rejoignirent à leurs tours le cachot où la fête les y attendait. L'argument ' la vie appartient aux jeunes qui en profitent ' marchait à tous les coups. Bien que Karly était certaine qu'une fois sortie de Poudlard, Sasha trouverait sans aucun doute le remède miracle contre les gueules de bois. Elles vous attendent toujours au tournant, fidèles à leurs postes.


Quelques verres passent sous vos yeux et repartent plus légers et vides que jamais. L’espace d’un instant, un éclair de lucidité tente de traverser votre esprit mais se retrouve vite réprimé. L’alcool brûle votre trachée sans que vous puissiez l’arrêter. Au contraire, vous l’encourageait à continuer son chemin et à arracher toute vie qui semblait s’y trouver. Chaque verre d’alcool vous rappelle les hantises de votre passé et vous tentez de les chasser en buvant toujours plus, toujours plus rapidement. D’un hochement de tête, votre rire se déploie plus facile lorsqu’on vous adresse une blague. Les mœurs sont plus légères, plus libres. Pour ne pas sombrer, vous vous donnez l’impression de flotter. Vos amis, connaissances et inconnus vous aident à transformer cet instant comme hors du temps. Un instant magique où tout s’arrête, où tout semble prendre vie. Les brouillards de votre esprit ne se reflètent pas sur vos gestes. Rien ne laisse indiquer votre état, mise à part le nombre de cadavres de shooter et verres à vos côtés. Vous discutez joyeusement. Plus rien ne vous hante. Tout sera oublié dès le lendemain. Vos amis proches vous surveillent du coin de l’œil. Normal, quand on sait que les jumeaux Grayson ne trouvaient à l’enterrement mais, d’ici quelques minutes, ils se trouveront dans le même état que vous. Parmi la pénombre, la foule et l’obscurité, vous semblez attiré. Par quelque chose ou plutôt quelqu’un. Le destin guide vos pas. Rien ne vous alarme dans ses prunelles d’outre-mer. La haine et l’indifférence avaient mystérieusement disparu. Comme envolées aux confins de l’univers. Vous pensez seulement jouer au jeu de la séduction mais c’est un jeu d’une autre sorte qui vous tombe dessus sans crier gare. L’attirance se transforme en quelque chose de plus profond et plus effrayant encore. La plénitude règne contre toute attente. Vous êtes vous-même, ce qui en surprend plusieurs mais rien ne s’interpose. Vous flottez d’une toute nouvelle façon. Vous croyez rêver, entouré par des bras inconnus. Mais tout rêve doit s’achever pour qu’un autre le remplace, sinon il n’y aurait plus de reconnaissance de bref instant de bonheur. La vision floue s’étanche peu à peu pour ne plus que vous laissez les sensations et les flashbacks. Et pourtant, vous auriez aimé vous en souvenir encore et toujours.

Les habitudes reprennent le dessus. Une odeur sucrée parvient jusqu’à vous. Le rêve est achevé sans que puissiez mettre un nom, un visage ou un titre dessus. Une voix mielleuse se glisse dans votre oreille et vous force à ouvre les yeux.

Pour toute réponse, le sourire éclatant de la jeune brune s’intensifia. A croire que la magie lui aidait. Elle éblouissait la vue embrouillée de l’adolescente. Une photo apparut sous ses yeux. Un couple enlacé qui semblait loin de ce monde. Les neurones remis en route, le choc se peint sur ses traits. Mal de crâne et incompréhension. La seule fuite possible : rabattre la couette et repartir dans ce rêve inconnu.

Les yeux de chat potté de la jeune McGregor reçurent pour toute réponse un coussin douillet en pleine tête. Lunette de soleil et éléphant dansant la gigue sur la tête, Karly s’esquissa au travers les groupes d’élèves en direction du train tout en évitant certaines personnes. Heureusement, tous semblaient dans le même état qu’elle. Dès lors, Karly se sentira constamment tiraillée. Mais la peur et la fierté sont des choses bien étranges qui vous poussent sur un sentier inconnu et dangereux.

Les histoires d’amour n’appartiennent pas à notre monde. Pas encore aux leurs. Nous les avons laissées à nos ancêtres pour que ses derniers puissent continuer à espérer et croire en un monde meilleur. Aujourd’hui, à l’aube du grand changement, tout ceci n’a plus d’importance. Nous ne pouvons plus nous abaisser à rêvasser et croire en un monde meilleur. Il faut notre sueur et notre sang pour le construire de nos propres mains. Soit. Mais l’amour n’y a pas sa place. Merlin semblait avoir tracé un autre chemin pour elle. Un petit soldat au servir non pas des siens mais de la notion même de ‘justice’. Soit ! Mais l’abandon de rêves d’enfants est parfois lourd et difficile à s’envoler…